L’Adoption rime le plus souvent avec infertilité ou impossibilité de procréer. Ne pouvoir être parent procure une douleur qui jaillit dans la vie de celui, celle qui le subit. Mais ce chemin douloureux ne s’arrête pas là et contrairement à ce que l’on peut penser, l’adoption n’est pas un remède miracle …en tout cas, pas dans un immédiat.
Un parcours long et périlleux
Après avoir cheminé dans la tête des futurs parents , l’idée de l’adoption se concrétise par ces incontournables démarches administratives qui donnent l’illusion d’entrevoir le bout du tunnel.
Mais ce tunnel peut être long, très long et les étapes imposées toujours plus éprouvantes, finissent par engendrer de nouvelles souffrances. Perçue comme la solution qui répare, elle entraine les futurs parents sur une route jalonnée d’imprévus incontrôlables (délais de procédure…) et d’obligations (rendez-vous psychosociaux) qui renforcent l’idée d’une injustice.
Pourquoi subir tant de moments difficiles pour devenir simplement parent ? D’autant plus injuste que pour bon nombre de parent , un tel périple n’existe pas, l’enfant venant tout simplement au bout de 9 mois de grossesse. D’autant plus insupportable aussi, que bien souvent l’arrivée de naissances naturelles dans l’entourage du couple en attente d’enfant, vient attiser une plaie qui ne se referme toujours pas. C’est dans ce contexte éprouvant, douloureux et lourdement chargé émotionnellement, que l’enfant adopté arrive enfin dans la vie d’homme et de femme qui n’ont eu que le désir de vouloir être parent.
Dit comme cela, cela sonne moins comme un conte de fées, mais il serait malhonnête de le minimiser.
Un reportage , une histoire
Et pourtant, il existe des miracles que la vie réserve à ceux qui choisissent de vivre ces instants de la façon la plus fantastique possible malgré les montagnes russes émotionnelles que procure cette expérience singulière. Et c’est exactement ces beaux moments qui auraient tendance à faire oublier combien il est ardu d’adopter, que nous fait vivre le reportage INFRAROUGE d’Anne Gintzurger intitulé le Roman de Renan.
C’est un film qui raconte le chemin d’un couple homoparental dont le désir d’enfant a été mis à rude épreuve ; et c’est l’histoire d’adoption d’un garçon de 10 ans qui va devoir faire la paix avec son passé. Le Roman de Renan est un récit singulier et inédit. Jamais une adoption n’a été racontée ainsi, simultanément par l’enfant et par ses parents. Pour Renan et pour ses papas, la route est longue pour réussir à devenir une famille.
Une aventure singulière qui éclaire et qui questionne
Cette longue route est une aventure que certains, après coup, se serait peut-être bien gardé de tenter. Même si les témoignages feutrés, amoindris des parents adoptifs confrontés aux difficultés de l’adoption peuvent alerter un futur parent, qu’il est tentant de se dire que l’on fera mieux , beaucoup mieux que ces malheureux ! C’est certainement là qu’un questionnement commence: comment imaginer être ou faire mieux que les autres ? Et là encore ,ce superbe reportage apporte un éclairage, des pistes inspirantes.
Être parent est un état partagé par un grand nombre d’individus mais l’expérience de l’adoption fait de la parentalité une situation tout à fait singulière. Ce que nous donne à penser la recherche , les observations des expériences d’adoptions passées, est que la parentalité adoptive nécessite une préparation toute particulière centrée sur différentes questions comme les limites des futurs parents à identifier, la capacité d’ouverture à accepter un autre qui arrive avec son histoire et qui entre dans celle de ses parents adoptifs, et bien d’autres interrogations encore.
Mais qu’est ce qui fait qu’un adoptant est plus apte qu’un autre :
- De pousser loin la réflexion sur les enjeux de la parentalité ?
- De se projeter dans un futur peuplé de moments idéalisés mais qu’une réalité viendrait ébranler ?
- De se préparer bien avant que cette histoire ne débute ?
Réflexions, questions, résolution…
Même si toutes les histoires de parentalités sont des aventures, et qu’un questionnement en amont est toujours vertueux, les histoires des adoptions sont des aventures différentes, à rebondissements qui enrichissent et qui déstabilisent tout autant ses acteurs.
Quel que soit le moyen qui mène à la parentalité, il faut rappeler tout de même que les obstacles ne sont pas propres à l’adoption. La relation entre un parent et son enfant s’exprime au travers de conflits et ces conflits sont constructeurs de la personnalité en devenir de l’enfant. Ce qui diffère d’une histoire familiale à une autre c’est peut-être l’intensité de ces conflits et non le conflit lui-même.
Et si c’était une aubaine cet empêchement à être parent naturellement, une fantastique opportunité pour s’interroger ? S’interroger sur soi, sur son couple, sur ses désirs, sur ses projets. Car ne nous leurrons pas : peu de personne s’interroge ainsi avant d’entrer dans le projet de devenir parent.
Et de dire : « on verra bien quand l’enfant sera là ! » n’est certainement pas l’attitude la plus pertinente pour se lancer dans cette réalisation. Imaginer, prévoir c’est déjà accepter des situations à venir que nul ne peut prédire à l’avance.
De ce manque, en faire une force !
Venez-en parler au cabinet si vous souhaitez entreprendre cette réflexion avec moi consultante en santé : je vous propose un espace bienveillant sans tabou dans lequel toutes les questions sur le projet de la parentalité peuvent être explorer.
Hélène LE GOAS, consultante en santé thérapeute. Juin 21