ANTIVAX, je vous tends la main…

Les ANTIVAX font parler d’eux dans les média mais dans notre quotidien, les ANTIVAX, quand on en rencontre, ne sont pas ceux qu’on imagine ou que l’on veut nous faire imaginer… Derrière un arbre se cache une forêt et je vous propose de m’accompagner dans un petit bout d’ « une » forêt (car il doit y en avoir bien d’autres) que j’ai été amené à découvrir, un matin en faisant mon marché dans mon village…

Contre le vaccin et pour le vaccin, telle est la question : …vraiment ?

Passé le sentiment d’exaspération que beaucoup de professionnel de santé ont éprouvé face à un mouvement hostile affiché envers la vaccination, il est pertinent et même urgent de se pencher sur cette hostilité (contre le vaccin) brandie comme une armure face à un envahisseur.

Et le clivage contre le vaccin / pour le vaccin s’est gentiment invité parmi certains habitants de notre terre faisant oublier les débuts de la pandémie, qui rappelons-le pointaient le manque de moyen pour faire face…Désormais la bataille ne se situe non plus sur le manque de moyen mais plutôt sur la manière de procéder, en exposant l’ennemi à combattre.

 Sauf que là, l’ennemi identifié par les professionnels est le SARS-Co-V2 et celui par les ANTIVAX, le vaccin. Premier constat :  on ne parle pas du même adversaire ! Alors comment s’entendre, se comprendre si l’on ne parle pas de la même chose…

À ce stade, quel embarras de pointer cette divergence dans l’identification de l’ennemi. D’un côté le virus, agent pathogène responsable du COVID et de l’autre, la seringue qui contient un vaccin (des vaccins), agent protecteur contre le COVID, avec comme pomme de discorde la définition sur l’ennemi !

Discorde_Anticovid

Présentées comme cela, les données du problème sont posées et déjà on mesure la difficulté de la résolution puisque les opposants n’ont pas les mêmes craintes, ni les mêmes objectifs.

 Mais avant d’essayer de résoudre la discorde, je souhaite me pencher sur la seringue, instrument médical muni d’une aiguille, permettant d’injecter ou de prélever des liquides dans l’organisme. Il me semble que derrière cet instrument, pour un certain nombre de cas des anti, se loge la clef du problème…

Seringue_Anticovid

Au marché, je crois que j’ai découvert un arbre qui cachait une forêt…

Mais revenons à mes courses du marché, de ce mois d’été. Comme chaque semaine, je vais me fournir auprès de producteurs locaux ou de revendeurs de produits qui rivalisent sans problème avec ceux du supermarché tant par leur qualité que par le fait que, derrière le produit vendu il y a une femme, un homme qui vous parlent de ses marchandises avec tant d’intérêt et de passion qu’à chaque achat, le bienfait est déjà là !

Il n’est pas rare que les conversations aillent bon train et à l’image du café du commerce, chacun y va de son avis tout en restant cordial. Mais ce matin-là, la conversation commençant de manière totalement anodine, prit soudainement un tout autre ton, lorsque fut évoqué le fait que l’un des vendeurs portait un masque tandis que l’autre, non. Les interrogeant sur cette différence, alors qu’il partageait un même espace quotidiennement, la question du vaccin arriva sur le tapis à la vitesse supersonique avec son cortège de réactions hostiles et même incroyables ! La personne qui portait un masque, un homme jeune, avouait à demi-mots, ne pas être vacciné, sous le regard fermé de son collègue sans masque, cachant à peine sa désapprobation…

Marché_Anticovid

Désirant en savoir un peu plus, le vendeur masqué m’avança les arguments entendus ici et là par les opposants à la vaccination. Néanmoins, je restais avec ma surprise car ces deux hommes qui travaillent depuis fort longtemps ensemble, qui se connaissent bien et qui me semblent partager de mêmes idées surtout si elles concernent leur travail, m’avaient toujours paru agir comme un seul homme. Et cette différence vis-à-vis du masque apportait dans leur tandem une tension inhabituelle, perceptible. Et puis au fil de la conversation, ponctuée par mes achats, je commençais à sentir pointer le début d’un élément d’explication. Après la maladie sur laquelle il ne sentait pas concerné, après ses vacances qu’il allait passer bien tranquillement chez lui, loin de tous, pour ne pas être accusé de contaminer qui que ce soit, la question de la vaccination devint l’axe central de notre échange et plus précisément la seringue …

Très vite, il déclara que moins il voyait un médecin mieux il se portait et que d’ailleurs il jouissait d’une excellente santé qui le préservait bien de ce milieu médical tant redouté depuis son plus jeune âge. Poursuivant sur son aversion immense pour le monde de la médecine, il ajouta plus doucement son horreur des piqûres !

Et de finir, que cette horreur (que je qualifierais de phobie) est telle qu’il était prêt à tout faire pour ne pas la vivre. Cet aveu, duquel j’étais loin d’imaginer la vraie raison de sa position antivaccin, vint me saisir comme le froid saisit celui qui sort d’une baignade en rivière. Quelle découverte ! et surtout quelle information ! Jamais je n’avais imaginé la portée de cet obstacle.

Et pourquoi, n’avais-je pas mesuré l’ampleur de ce blocage, difficilement avouable en public ?

D’abord comme beaucoup de professionnel de santé, je baigne dans le médical et ce, depuis mon plus jeune âge (voir mon premier article du blog) et que la vaccination fait partie de mon paysage comme les fruits et les légumes font partie du paysage de ce vendeur masqué. Ce que je veux pointer ici, c’est que l’habitude d’un geste, d’un environnement, le rend moins effrayant et même, lui confère un statut banal surtout si sorti de son contexte, il peut véhiculer un sentiment de peur. Et je reconnais bien volontiers que sortis chacun de leur contexte, une pêche semble plus sympathique qu’une seringue !

Car la seringue se caractérise non seulement par un tube muni d’un piston mais aussi elle se termine à son bout d’une aiguille

Piston_Anticovid

A ce stade de la réflexion, il faut imaginer ce que peut susciter la piqure d’une aiguille ? Personnellement même si, je ne raffole pas de la sensation que procure l’entrée de l’aiguille dans ma peau, je parviens aisément à me convaincre du bienfait d’un tel geste ayant comme but unique de me protéger contre des maladies infectieuses potentiellement mortelles ou dangereuses. Ainsi ce sentiment désagréable est vite contrebalancé par l’idée d’une protection, que les générations passées auraient bien aimé profiter …quand on évoque la variole, la diphtérie, la tuberculose, la poliomyélite et tant d’autres maladies qui n’existent plus grâce à la vaccination et qui ont fait tant de ravages dans les familles…

Coucher de soleil

Mais pour imaginer ce tel sentiment éprouvé par le vendeur, j’ai cherché dans ma propre histoire une situation qui me paralyse au point de prendre un risque évitable ou un choix inapproprié. Pour ma part, et pour l’avoir vécu, je peux perdre tous mes moyens si je dois franchir un obstacle surplombant le vide. Victime de vertige, je suis capable de faire un détour de plusieurs kilomètres pour éviter une telle situation. Et je n’ose à peine imaginer dans quel état je serais plongée si je devais impérativement emprunter ce passage mais déjà je peux ressentir la sueur perlée dans le dos … Et pour l’avoir vécu aussi, je me souviens que ce terrible vertige qui ne manqua pas de se rappeler à mon souvenir de manière inattendue lors d’une balade en montagne, a pu être maitrisé grâce à la présence auprès de moi d’une personne bienveillante qui mesura l’effroi dans lequel j’étais et qui m’assista seconde par seconde pour franchir ces quelques mètres tant redoutés avant et si incroyablement évacués après. L’épreuve tant redoutée seule, devenait accessible accompagnée même si un sentiment désagréable ne m’avait pas quittée mais l’épreuve était derrière moi : quel soulagement !

Alors, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec la perception de la vaccination. Et si le vendeur masqué se trouvait accompagné, entendu dans sa terreur et non pas moqué comme c’est observé la plupart du temps lors de l’aveu de la peur des « piqures » ? Et si le vendeur pouvait exprimer ses ressentis (pour les mettre à distance) puis se préparer à cet acte tant redouté ? J’ai la certitude de croire qu’une telle approche pourrait résoudre la réticence d’une partie de cette population non vaccinée…

L’épilogue de ce récit se veut rassurant et pour tous ceux qui redoutent les aiguilles, cachés dans le groupe Antivax, sachez que des laboratoires travaillent sur des vaccins en prise orale (qui se boivent)…n’est-ce pas là un signal positif envoyé à ces personnes ?

Et si vous êtes une de ces personnes qui redoutez tant la vaccination, dites-le à la personne qui vous vaccinera ; confiez-lui votre peur (qui est respectable), demandez-lui de vous accompagner psychologiquement pendant ce court instant tant appréhendé.

Quelqu’un qui vaccine est une personne qui veut protéger et non pas nuire car rappelons-le, l’objectif de la vaccination contre des maladies mortelles (comme le COVID par exemple, est de  sauver des vies… et d’empêcher de faire une forme grave de la maladie. Tout simplement.

 

Aout 2021, Hélène LE GOAS

Consultante en santé

Thérapeute